lundi 12 mai 2008

BDSM

Qu'est-ce donc que le bdsm pour quelqu'un qui regarde cela de l'extérieur ? Les "vanilles", non "initiés" ont généralement un point de vue péremptoire moralisateur. Comment peut-on prendre du plaisir à avoir de l'ascendant sur autrui ? Et la douleur ? Et la réification de quelqu'un d'autre qui serait ravalé au rang d'objet ?

Ces questions sont pertinentes en elles-mêmes. Je me les suis posées très tôt d'ailleurs. Je me suis même demandé si j'étais normal, sain d'esprit, pervers. Questionnement probablement répandu. Après tout, nous avons des pratiques condamnées socialement comme de la perversion pure. Nous sommes parfois vus comme des êtres "dérangés". Un tel point de vue oublie que nous sommes entre adultes consentants qui acceptent de se retrouver dans un jeu fantasmatique. Il m'est arrivé d'agir de manière extrêmement sévère lors de rencontre. Avec brutalité aussi. Cela dit, le fait que ce n'est pas la réalité ne me quitte pas l'esprit. La partenaire que je malmène verbalement ou physiquement ne m'appartient pas. Elle a accepté d'entrer dans notre relation. De plus, je ne cherche pas à manipuler ceux que je domine. J'attends d'eux de se soumettre de leur plein gré. Où est donc la perversité puisque la personne qui s'abandonne sait pertinemment ce que j'attends d'elle. Elle sait aussi ce qu'elle compte retirer de notre échange. Elle vient vers moi en connaissance de cause. Elle a ses propres motivations et j'ai les miennes et nous nous retrouvons dans cet espace en apportant ce qui nous constitue.

Je ne peux que redire que nous sommes dans une relation contractuelle entre deux individus ou davantage. Ce sont des pratiques qui entrent dans des scénarii conscients, réfléchis, partagés et même désirés. La réalité n'est pas forcément la même.

Je peux vous assurer avoir cotoyé une jeune femme qui prenait manifestement énormément de plaisir, lors de notre rencontres, à être insultée, ligotée, rudoyée, traitée comme un objet sexuel et prête à me lécher les pieds à plat ventre. Un véritable petit animal qu'il fallait bousculer sans ménagement. Nous nous sommes beaucoup apportés mutuellement. Cependant dans la réalité, cette même soumise, cette esclave sans libre arbitre apparent, se métamorphosait et endossait l'habit de domination sociale que lui avait conféré de prestigieuse études. Une domination socialement validée qui portait son poids d'humiliation, de refoulement et de frustration. Ceux qui la subissaient n'avaient jamais choisi librement cette domination professionnelle. Torture morale. De quel côté se trouve la perversion ? Qui respecte qui ?

Je ne suis pas né dominant. A me regarder parler sèchement, ordonner, punir, fouetter, ligoter, etc., je serais volontiers considéré comme un être sans coeur, autoritaire, voire dictatorial. Je sais certes ce que j'aime dans la vie, je tâche certes de diriger mon existence dans la direction que j'ai choisie, il m'est demandé professionnellement de diriger un groupe de femmes et d'hommes, mais je ne mélange cependant pas ces deux univers, conscient de ce que je fais et avec qui je le fais, conscient aussi de ce que je peux ou ne pas faire. Il m'est arrivé de cesser une relation car je ne me voyais pas transformé en tortionnaire. Chacun a ses limites et cette personne avait touché les miennes. Ses demandes, voire ses supplications de torture et de cruauté étaient au-delà de ce que je consentais à faire. Je lui ai expliqué mon refus et avant que notre relation ne cesse d'un commun accord, je me suis senti tenu de la mettre en garde quant à ses rencontres futures, tant je sentais en elle un abandon total qu'elle ne me semblait pas controler et que je n'avais jamais rencontré jusqu'alors. Je sais qu'elle a été déçue de ce qu'elle considérait comme de la faiblesse de ma part.

Bien entendu, lieu de rencontre de fantasmes plus ou moins explicites ou assumés, le bdsm traîne avec lui certains qui y voient un simple moyen de libérer leurs pulsions, leurs frustrations, leur mal-être, sans considérations pour autrui, mais pour la satisfaction de leur seule jouissance. C'est d'ailleurs inévitable. On y trouve des délinquants relationnels et affectifs qui profitent d'une activité forcément souterraine, privée où la discrétion est de mise. Mais je ne me sens pas grand chose en commun avec eux, même si nous pouvons nous croiser sur un forum ou partager des pratiques qui paraissent semblables, vues de l'extérieur. En quoi serais-je différent ? Je garde présent à l'esprit le libre arbitre, l'intégrité, la volonté, le respect et le plaisir de l'autre. Un mot de sa part et je m'arrête.

Pas aisé, lorsque l'on accepte de franchir le pas, de savoir comment agir. J'ai vécu cela moi aussi. A entendre certains ils sont nés pour dominer en sachant le faire. Ce ne fut pas mon cas et mon histoire personnelle a été comme une progression vers je ne saurais dire quoi. Je vis et dirige mon existence actuellement comme je le fais depuis des années. Je tâche de cerner ce qui m'importe, ce à quoi je crois et ce à quoi je tiens. Cela me permets de ne pas me laisser absorber par ce que je juge comme accessoire. Je regarde objectivement mes propres désirs et ce qui est source de plaisir pour moi. Je considère aussi ce qui pourrait être un frein à l'atteinte de ces plaisirs. Ainsi je me donne les moyens de les atteindre. Je ne nie pas les contraintes d'ordre social ou privé. Ces contraintes sont un des paramètres que je prends en considération.

Je ne peux dire quel genre de dominateur je suis. probablement trop mou pour certains et trop directif pour d'autres. De même, je peux entrer dans une relation plutôt "soft" comme c'est le cas avec Jolie Chienne et agir de manière très dominatrice peu de temps après avec un prétendant esclave. Je n'ai jamais cherché de règle à respecter en ce domaine. Je sais qu'il circule des listes de niveaux présentant comme une gradation, ce qui définirait un soumis ou un dominant idéal. Je les ai lues il y a bien longtemps. Probablement un besoin de me positionner ou de me rassurer. Mais cela est du passé depuis longtemps. Je ne me sens nullement concerné par une telle approche. J'ai fait des erreurs, bien entendu, mais je les ai regardées en face pour en tirer ce que je pouvais et essayer de ne pas les reproduire. L'important est d'assumer ce que l'on est. Et ceux qui nous trouveraient des insuffisances n'ont qu'à nous aider à atteindre ce qui leur semblerait un "niveau" satisfaisant. Je suis donc prêt à continuer à apprendre de ceux que je domine ou non.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis impressionné par la qualité de ce texte. D'autant que j'y suis arrivé par hasard, et que la teneur des annonces qui m'y ont conduit n'ont strictement rien à voir avec un contenu d'une telle densité. A croire que notre auteur possède un talent schizophrène, celui d'être Mr.Hyde dans ses annonces et Dr.Jekyll dans ses publications. Ceci n'a nullement vocation à être considéré comme un jugement. Ce n'est ni plus ni moins qu'un commentaire ... c'était bien de cela qu'il s'agissait, n'est-ce-pas ? N'étant ni blogger ni inscrit où que ce soit, je ne peux, hélas, laisser ni mon adresse ni mon identité, mais j'avoue que si ce privilège m'était donné, j'aimerais rencontrer Me.Kaze afin de discuter de certaines questions en direct avec lui.

Maître Kaze a dit…

Il est facile de se discuter par le biais du courriel ou d'msn. Se rencontrer est aussi envisageable.

Anonyme a dit…

La sincérité est une des toutes premières qualité d'un Dominant...
Pourquoi ce blog n'est il pas actualisé ?

Anonyme a dit…

ce texte m'a tout simplement troublée....